Développer plus avant l’expérience de création radiophonique menée depuis avril 2023 par radio psg matin avec les résident·es de l'EHPAD La Chanterelle au Pré-Saint-gervais, Seine-Saint-Denis.
Mettre en place une station radio participative à l’écoute du quotidien d’un ehpad. Faire entendre autrement ce quotidien en déplacant légèrement la parole et l’écoute, les bruits et l’écoute. Proposer un outil de lien social par la parole et le son au cœur d’une institution médico-sociale où souvent la fragilité et les pathologies isolent les personnes qui y vivent, bien malgré elles et celles et ceux qui les accompagnent.
En portant l’attention sur le sonore et ses ressources créatrices, nous invitons les résident·es et le personnel de l’établissement à modifier leur ressenti, leur perception du lieu où iels co-habitent.
Une bourse du dispositif Culture et Santé 2024 (Direction Régionale des Affaires Culturelles, Agence Régionale de Santé) nous a permis de mettre en place trois sessions de quatre jours d'ateliers entre octobre 2024 et février 2025.
_radio chanterelle #16, le vendredi 18 octobre 2024 en direct de 14h à 15h et des bananes avec des résidents et résidentes de la maison de retraite La chanterelle au Pré-Saint-Gervais, ce coup-ci particulière, car sortie d’une semaine d’atelier, avec Michel, Claire, Jeanne-Marie, Jackie, Marie-Claude, Christiane, Nelly, Sandrine, Frédéric et Anna._
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Intervenant·es : dns et grcn. L’atelier est prévu de 14h45 à 15h45. Nous sommes sur place à 13h45 pour installer le matériel dans le salon invités. Six casques (pour dix personnes !), amplificateur de casques, cardioïd oktava MK-102 sur perche, Zoom H4, ordi, 2 enceintes Bose Companion 2.
Les participant·es inscrit·es la semaine dernière attendent dans le hall. Certains, certaines ont oublié, on va les chercher dans leur chambre. Il y a aussi les appareils auditifs et les lunettes laissées ici et là. Michel va et vient dans son fauteuil en nous interrogeant du regard, nous l’invitons à nous rejoindre, il entre en nous assurant qu’il ne prendra pas de responsabilités, il ne fera qu’écouter, n’interviendra pas, se tiendra coi. À l’heure dite, Christiane, Claire, Nelly, Michel (et Janine son épouse qui est venue le visiter), Martin, Jeanne-Marie, Jackie et Marie-Claude sont installées autour de la table dans le salon qui donne sur le jardin. La perche suit les paroles des présent·es. Chacun et chacune est équipé·e d’un casque. Tout le monde peut s’entendre.
On commence avec la diffusion d’extraits de portraits audio dramatiquement mal choisis. Peu importe, ça lance la discussion et une explication du principe du portrait sonore : par la description, par des questions au modèle, des questions à d’autres à propos du modèle. Jeanne-marie dit “des questions sur moi, est-ce que je vais savoir répondre ? est-ce que je me connais ? on est jamais sûr de se connaître.“
C’est Michel qui est choisi pour être le premier portraituré. grcn lance l’enregistrement. 20 mn d’échanges riches et joyeux. L’heure est vite passée, on aimerait continuer, rendez-vous demain même heure. Toustes sont enthousiastes. On sort la citronnade et le creusois pour le goûter. Pas de photos prises.
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Intervenant·es : crlr et dns. L’atelier est prévu de 14h45 à 15h45. Nous sommes sur place à 13h45. Huit casques (pour neuf personnes !), amplificateur de casques, cardioïd oktava MK-102 sur perche, Omni earsight sur pied, Zoom H4, lecteur mp3, 2 enceintes Bose Companion 2.
Nelly, Claire, Christiane, Jeanne-Marie, Jackie, Marie-Claude, Michel sont là. Martin ne viendra pas, il a rendez-vous avec son frère. Toustes sont ravi·es d’en être.
On commence par un portrait de Jackie. Elle semble bouleversée, elle tremble et dit «j’aime la tendresse». Les paroles de Jackie sont toujours positives ou alors elle se résigne d’un «on fait avec». Parfois elle perd le fil de sa pensée, le retrouve ou conclue avec une formule agréable. Toustes louent son sourire, sa gentille, son attention aux autres, son port et sa mise élégante de mannequin, je lui demande si elle a été mannequin : «pas du tout. Enfin, on est tous mannequin… chaque fois qu’on s’habille.»
Claire veut souvent changer de sujet puis elle relance plusieurs fois Jackie à propos de ce qu’elle a trouvé ici à La chanterelle. Chaque fois Jackie répond. Christiane raconte comment Nelly assise dans son fauteuil dans le hall l’a accueillie à son arrivée. On parle du regard perçant et intense de Nelly. Jacqueline (une autre Jacqueline qui n’est pas Jackie) qui suit Nelly partout répète “Je n’entends rien“. Nelly se plaint d’être suivie partout par Jacqueline qui s’explique en déclarant “c’est plus simple“.
On fait avec le portrait de Jeanne-Marie qui “n’a rien à dire“ et raconte, quand même. Le frère et la belle-sœur de Jackie viennent la visiter, l’heure est passée, nous sortons les gâteaux et les boissons. Naïma la coiffeuse vient chercher Claire, elle boit un verre de citronnade avec nous. Pas de photos prises.
Iels avaient oublié hier, iels y ont pensé aujourd’hui. Après le coiffeur, dns emmènera Claire chez l’opticienne, ses lunettes sont bancales, un verre est tombé. L’opticienne remet le verre, règle les branches et Claire n’est jamais satisfaite. À peine les lunettes sur son nez elle les ôte prétextant que ça ne va pas. L’opticienne insiste pour qu’elle les garde quelques minutes. Claire convient enfin que ça va mieux. L’opticienne conseille de faire un contrôle de la vue et peut-être de nouvelles lunettes. Claire craint le coût de l’opération, on lui rappelle que la sécu et sa mutuelle etc. Elle demandera à son ex de s’en occuper.
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Intervenant·es : dns et grcn. L’atelier est prévu de 14h45 à 15h45. Nous sommes sur place à 13h45. Huit casques, amplificateur de casques, cardioïd oktava MK-102 sur perche, Omni earsight sur pied, Zoom H4, lecteur mp3, 2 enceintes Bose Companion 2.
Autour de la table, Nelly, Claire, Christiane, Jeanne-Marie, Jackie, Marie-Claude, Michel et Martin. Un fort soleil dans le salon, on baisse la tente, c’est l’été. On fait le portrait de Marie-Claude, un peu par défaut. Elle est l’épouse d’un résident décédé cet été, elle est amie avec Jackie et continue à venir quasi quotidiennement à l’ehpad. Nelly la décrit de sa voix aux intonations douces et bourrues qui remonte à chaque fin de phrase.
On parle de l’arrivée à La chanterelle, la solitude de l’arrivée, on est déposé·e là sans savoir comment ça va se passer, pas de réunion d’accueil. Heureusement, il y a l’accueil des résident·es, les regards (Nelly), le sourire (Jackie), Jeanne-Marie dit “je me suis accrochée à ce sourire“, ou “depuis je m’accroche à ce sourire“.
Martin propose de faire un portrait du département de la Creuse puis se rétracte, “il faudrait faire toute une préparation“. À la fin de l’heure il proposera de faire un tour de table pour que tout le monde se présente en précisant d’où il ou elle vient.
Les trous de mémoire sont parfois drôles, parfois encombrants, souvent douloureux dans la répétition. Christiane ne retrouve pas le nom de la ville d’où elle vient, ni celle où elle s’est installé avec ses parents en arrivant d’Algérie en 63.
On a arrêté au bout d’une heure, on aurait pu durer trente minutes de plus. On a encore enregistré l’heure entière, on aurait dû n’enregistrer que les portraits, parler ensemble de ce qu’on allait faire (tel ou tel portrait) puis le faire (lancer l’enregistrement, couper l’enregistrement). On n’a pas passé la perche à Christiane, on n’a pas proposé de partager les outils. Une amie croisée le soir-même me dit “c’est long avant de pourvoir s’emparer du matériel“.
L’émission du vendredi 18 pourrait être l’occasion de parler de ce partage d’outils. Nous demander quel groupe nous formons ? Former un groupe plutôt que de proposer/consommer une animation. Comment parler de cela avec elles et eux ? Profiter de leur présence en avance pour discuter de cela ? Commencer plus tard en diffusant un fichier ? Pas de photos prises.
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Intervenant·es, dns et grcn. À la maison pour le montage de quatre portraits : Jackie, Michel, Marie-Claude, Jeanne-Marie. Entre quatre et six minutes. Pas de photos prises.
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Intervenant·es, crlr et dns. L’émission est prévue de 14h à 15h en direct sur le DAB+. Sur place à 13h pour installer le plateau dans le hall de l’ehpad. Cardioïd superlux sur pied, cardioïd oktava MK-102 sur perche, console zed10, ordinateur, enceinte 100w amplifiée sur pied (un pied de casque sèche-cheveux pris au salon de coiffure de La chanterelle) ; pas de piste séparée pour les micros, nous aurions mieux fait de paner les micros et enregistrer avec le H4 en main out (essai à faire). Nous avions noté : écouter les portraits, raconter les ateliers, commenter les portraits, parler de la suite, appréhender les outils.
On s’installe les tables et le matériel dans le hall pour une même configuration que celle dans le salon invités. Delphine de l’administration nous annonce que nous devons laisser la place à un loto. Pourtant, l’émission était prévue de longue date. Elle nous fait remarquer que pendant que nous nous occupons d’un petit nombre, il faut distraire toustes les autres résident·es. Nous ne prétendons pas à une quelconque priorité, il faut juste s’organiser. Renseignement pris, le loto a lieu dans le réfectoire à 15h.
Tout le monde est là sauf Martin qui a rendez-vous avec son frère. Nous laissons au staff le soin d’installer les autres résident·es présent·es autour de nous. L’émission se déroule librement entre la diffusion de deux des portraits et des échanges à bâtons-rompus.
À 15h, avant d’aller au loto, nous discutons de ce que nous voudrions faire lors de la session de décembre. Peut-être une sortie dans le centre piétonnisé du pré. Tout le monde est d’accord pour aller se promener, Christiane parle d’aller en forêt, c’est un peu ambitieux. Tout cela acte le fait que nous continuons avec le même groupe. On finit l’émission par un générique où chacun et chacune dit son prénom. Nous n’avons pas eu l’opportunité de partager les outils. Pas de photos prises.
Sur le chemin du retour, nous nous demandons si nous ne devrions pas jeter tous les enregistrements des ateliers qui ne sont pas stricto sensu les portraits ? Quand bien même intéressants, ce sont des moments volés à celles et ceux qui s’y expriment sans conscience d’être capté·es.